Tag Archives: verite

Massacre de Kasika: 16 ans de Discours Populistes, Silence et Désespoir


C’est en date du 24/08/1998, un matin du lundi que le village de Kasika est tombé sous le choc annonça le début de sa destruction. En dépit des milliers des morts estimés au-delà de 1000 personnes, enfants, femmes, hommes, prêtres et sœurs ainsi que le chef coutumier lui-même, les multiples discours populistes ont fini par plonger cette zone en désespoir difficilement relevable. Le pessimisme s’explique par un silence autour de ce dossier ainsi que d’autres qui sont similaires.

En commémorant ce massacre, prenons le courage de devenir humain pour quelques raisons : D’une part, les victimes de Kasika ont inévitablement des tueurs au différent degré, allant de la responsabilité directe et indirecte ainsi qu’à la complicité. Ensuite, indépendamment des motifs à avancer pour justifier ces crimes commis, Kasika n’a pas encore retrouvé la justice et réhabilitation des victimes. En dernier lieu, les tueurs sont à traiter responsable individuellement car n’ayant été pas mandatés par leurs communautés ethniques.

Le grand défi de ce silence et désespoir est la culture d’impunité qui règne sur ce terrain congolais depuis des années. L’ensemble de ces odieux crimes m’amène à penser que l’impunité ne prend pas seulement une forme de laisser-aller/faire les bourreaux ; mais aussi, elle peut prendre une forme d’échanger le silence entre différents acteurs, pour des raisons sujets de débat. Ces acteurs, d’une manière ou d’une autre peuvent comploter pour ne rien dénoncer car pourra déclencher un processus qui mettra à jour tous les crimes commis. De lors que exposer tous ces crimes rappelle la responsabilité des uns et des autres, la lâcheté conduise au silence. D’autres raisons peuvent bien sûr exister.

D’une manière particulière, en République Démocratique du Congo (RDC), l’impunité et la justice font balancer des chiffres pour soit se déculpabiliser dans la mesure où certains diront que les crimes dépendent du nombre des personnes tuées ; alors que les autres sont tentés de penser que l’intention discriminative/sélective est plus à considérer. En fin, ces crimes restent impunis, la justice est demandée sélectivement sur des bases politisées avec d’intox comme si on demandait justice n’ont pas pour honorer les victimes mais pour mobiliser les masses.

Que s’est-il passé à Kasika en date du 24/08/1998 ?

Une rébellion éclate en date du 02/08/1998 quand la famille politique Kabila-Kabarebe se disloque ; l’Est du Congo en particulier ainsi plusieurs villes du pays jusqu’à Kinshasa entrent dans la désolation. La deuxième guerre prend une forme des revendications politiques à caractère communautaire dans un premier début ; et plus tard celles exigeant la démocratie. Les motivations explicitées restent aussi sujet à débattre car au fond, d’agendas cachés existaient. Alors une chasse à l’homme commence dans différentes villes du pays, ciblant certaines communautés ; mais surtout celles de l’Est. Cette chasse n’épargne pas ni civils ni militaires comme s’ils étaient tous d’ennemis du pays. Sans tenir compte des considérations de droits humains, il reste aussi difficile de savoir si ceux-là chassés avaient vraiment cédé a la manipulation pour envahir leur patrie.

A Kindu en province de Maniema, un groupe des militaires conduits par le feu commandant Moise Segabiro ne semblait avoir plus de choix devant cette menace de chasse à ce groupe d’individus, sur des bases ethno-communautaires. La solution la moins risquée mais qui donnerait de l’espoir de survie pour feu Moise et son groupe était de rejoindre la nouvelle rébellion. La trajectoire est estimée à 1000 Kms à pied de Kindu vers Bukavu. Les rebelles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RDC) avec leurs allies de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) avancent aussi vers Kindu. Entretemps, les rebelles cherchaient comment venir en aide au groupe venu de Kindu. Les militaires du RCD-APR passèrent par Kasika, en zone de Mwenga où ils se reposèrent et discutèrent avec le Mwami de la communauté Banyindu[1]. Le Mwami feu François Naluindi Mubeza ; sage à jamais, il était âgé de 35 ans et récemment marié à feu Yvette Nyangi. La nouvelle mariée était enceinte pour 7 mois et attendait son premier bébé.

En accueillant les rebelles et allies, Mwami Francois Mubeza livre à ses hôtes tout ce qu’il pouvait, chèvres sont égorgées et partagées en symbole d’accueil de nouveaux chefs. Le Mwami rassure ses interlocuteurs que la situation est calme et sous contrôle ; donc la sécurité n’était pas menaçante. Bien qu’une réunion ait été tenue la veille entre Mwami Mubeza et Nyakiliba pour dissiper le mécontentement de la part du dernier voué à défendre a corps et cri sa patrie contre l’invasion qu’il appelait « Tutsi ». Nyakiliba, un chef presque ambitieux qui veut ‘défendre’ la patrie mais accroitre à même temps sa popularité. Au cours de la réunion, le Mwami Mubeza se dit inquiet du comportement de Nyakiliba et les dégâts que cela poserait surtout à la population s’il essayerait de s’interposer.

Le Mwami Mubeza qui, non seulement sage, s’était livré aux actions de développement de cette zone. Il avait déjà initié des coopératives agricoles à Kasika et ses environs. Jeune mais sage par son expérience car croyait qu’une fois Nyakiliba attaquait les rebelles, les représailles seront désastreuses pour sa population. Mwami Mubeza était un chef qui pouvait se sacrifier, devant ses moyens limités, pour sauver sa population. Un témoin qui a assisté a la réunion entre Mubeza et Nyakiliba se souviendra toujours du propos du Mwami interpella Nyakiliba : «  Crois-tu que tu seras un héros ? Mais tu auras moi personnellement et toute la population tués ». Quels que soient ses conseils, Nyakiliba continua à organiser sa milice, peut-être à l’insu de Mubeza. Toutefois, sa milice avec quelques armes possiblement et ne représentait pas un danger alarmant pour que Mwami Mubeza s’en inquiète plus.

De passage pour rencontrer Moise, le convoi des militaires RCD-APR est attaqué à distance par la milice Nyakiliba qui ne pouvait pas résister longtemps. C’est alors du retour, le dimanche 23/08/1998 que l’incident qui détruisant Kasika est survenu. Les militaires venus de Kindu, fatigués étaient embarqués dans un camion ; alors que feu Moise avec d’autres officiers etaient dans un pick-up. Aux alentours de la résidence du Mwami Mubeza dans plein centre de Kasika, le pick-up connait une panne technique. Le camion avec les militaires continua sa route, c’est alors pendant les manœuvres de réparation du pick-up que des balles tirées à partir d’une hutte aux environs touche Moise et deux autres officiers qui tombèrent sur place. Sous les yeux effrayés de la population locale, les morts sont embarqués vers Bukavu le même jour.

Le calvaire dans Kasika commence le lendemain matin aux environs de 6.30. ; Une multitude de personnes sont sauvagement massacrées par les rebelles. Etonnement, les tueries n’ont même pas épargné ceux-là en pleine messe, en commençant par le père-cure, les sœurs et croyants qui étaient dans l’église. La suite d’événement macabre se poursuit chez le Mwami Mubeza, lui et sa famille ont tous succombés dans ces tueries. Les témoins rapportent que les environs de Kasika jusqu’aux dizaines de Kilomètres, plusieurs personnes sont sauvagement tuées au nom des représailles. Incroyable !

Sans entrer en détails de cette mort qui fera que les rebelles RCD-RPA endeuillent Kasika, l’article émet de doute sur la panne technique du pick-up et surtout les balles tirées à partir des huttes dans Kasika. Sur base d’expérience de cette région, il se peut que cette population ait été « victimisée » par Nyakiliba alors qu’il peut s’agir d’une situation trouva origine dans l’hégémonie entre alliés. De plus, le massacre commis après une nuit toute entière porte à croire qu’il ne s’agit pas d’un acte moins murie. L’amalgame de ce massacre reste aussi horrible car il est injustifiable de penser que ces milliers d’enfants, femmes, religieux … tous aient complotés pour tirer sur le pick-up. Donc, c’est plutôt des crimes à situer dans le cadre de la culture d’impunité qui a rongé le pays depuis les années 60 à nos jours.

Le dossier Kasika, un village qui a perdu le père de la paroisse, le chef coutumier et toute sa famille, des milliers de paisibles citoyens reste dans les oubliettes. Alors qu’en 1998 vers 2000, Kasika est rechanté dans d’innombrables discours politiques au point de faire l’objet des leçons scolaires du patriotisme même à Kinshasa ; il n’a jamais connu justice ni investigation indépendante pour déterminer les faits. Les rescapés de Kasika restent isolés et sans assistance ni accompagnement socio-psychologique comme c’est pareil dans plusieurs cas similaires.

En commémorant, pour la 16e fois, ce massacre, il est temps de considérer encore une fois que les crimes impunis conduisent à la ruine d’une société. Il est temps aussi de plaider pour une justice non-sélective visant à reconstruire ce tissu social détruit au sein de la société congolaise. La vengeance et l’amalgame ne sont pas sincèrement des pistes confiantes de solutions à long terme. Les recommandations du bloggeur sur la criminalité et l’impunité en RDC peuvent être retrouvées dans cet article (appuyer sur ce lien et en derniers paragraphes).

Que la justice pour tous soit rendue au nom d’un avenir meilleur.

Ntanyoma R. Delphin

Compte Twitter @delphino12

Email: rkmbz1973@gmail.com

Blog: www.edrcrdf.wordpress.com

[1] Le bloggeur s’est inspiré du récit complet de cette histoire que vous pouvez trouver dans Jason K. Stearns (2012), ‘Dancing in the Glory of Monsters : The Collapse of the Congo and the Great War of Africa’, PublicAffairs, New York

M23-Governement : Signature d’une « Déclaration-Accord » Compensatoire de la Défaite Militaire


Bisimwa

C’est en marge du 50e anniversaire de l’indépendance du Kenya que cette compensation a été signée. Il s’agit de la signature d’une Déclaration-Accord sanctionnant les pourparlers entre le M23 et le gouvernement congolais. Ces assises se sont tenues à Kampala depuis décembre 2012. Le document signé à Nairobi soulève en quelque sorte de controverses au sujet de son titre et son contenu. Pour les uns, il s’agit d’un accord ; alors que pour les autres, elle est une déclaration mettant fin à l’existence du M23 comme mouvement insurrectionnel.

Loin de convaincre le lecteur sur cette appellation controversée « Déclaration-Accord », l’article essaie de relier le document avec la résolution de causes profondes qui ont endeuillé l’Est du Congo durant les deux dernières décennies.

En guise de rappel, il sied de souligner qu’il ne s’agit pas d’une première signature pour qu’elle soit appelée historique. Ces types d’accord l’ont été en 1999, 2002, …2009 et encore en 2013. Les medias et les caméras ont toujours assistés à ces événements rehaussés par les hommes forts applaudissant les réalisations. Toutefois, ces signatures n’ont pas fait que des guerres et conflits cessent à l’Est spécifiquement. Quoi de neuf s’est alors passé à Nairobi en date du 12/2/2013 ?

La déclaration-accord contient 11 points importants. Parmi ces points, 7 ne concernent en grande partie que le M23 comme mouvement politico-militaire et ses combattants. Ces points couvrent l’amnistie, démobilisation – désarmement – réintégration, la libération des prisonniers de guerre, le changement du M23 en parti politique, les responsabilités en rapport avec la réinsertion sociale des combattants (article 1-5). L’article 8 parle des biens spoliés, extorqués, volés, détruits, pillés et la mise en place des mécanismes de rétrocession aux propriétaires. Et l’article 10 revient sur la revue des accords du 23 Mars 2009 et la mise en application des points qui ne l’ont pas été ou l’ont été en partie.

En mon entendement, les articles restant sont ceux qui touchent les problèmes socio-économiques et politiques que connait le pays. Il s’agit de l’article 6 intitulé « Retour et réinstallation des refugies et des déplacés internes ». L’article repose sur l’engagement du gouvernement à mettre rapidement en œuvre les accords tripartites entre Etats et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Refugies (HCR). Il est stipule clairement que le gouvernement travaillera avec la MONUSCO pour des questions sécuritaires et assurer la protection des civils contre les forces négatives. De la sécurisation de zones qui accueilleront les refugies et déplacés, la police de proximité, la mise en place des projets de développement et au plan détaillé de retour des réfugiés ; tout dépendra de la volonté et de l’engagement du gouvernement. Le M23 a été promu d’être inclus dans la structure nationale chargée des questions des refugies.

L’article 8 concerne la réconciliation nationale et la justice. L’article prévoit la mise en place d’une commission de réconciliation nationale qui sera chargée de résoudre pacifiquement les conflits ; recommander la législation contre la discrimination ethnique et l’incitation à la haine. En plus, la commission se verra aussi charger de promouvoir les valeurs citoyennes et régler les conflits fonciers. La commission nationale, cette fois-là, sera composée des personnes ‘intègres’ dans le respect de l’inclusion et de l’équité – égalité ; mais aussi, le M23 sera représenté dans cette commission. La commission nationale de réconciliation sera sous l’autorité suprême du chef de l’Etat et sous la supervision directe du premier ministre. Toutefois, la commission soulève encore la question qui a toujours posé des problèmes, celle de la vérité et justice. Les parties se sont convenues de poursuivre en justice les crimes de guerres, crimes de génocide, crimes contre l’humanité, violence sexuelles et recrutement d’enfants soldats à tout présumé auteur.

L’article 9 réitère l’engagement du gouvernement congolais en rapport avec l’accord-cadre pour la Paix, Sécurité et Coopération (PSC) dans la région, du 24/12/2013. Et l’article 11 retrace les mécanismes de mise en œuvre, suivi et évaluation. Le suivi et l’évaluation ainsi que le développement des critères de suivi nécessaires seront assurés par le Mécanisme National de suivi des engagements de PSC accord-cadre. Les parties signataires de la déclaration-accord désigneront un coordonnateur chargé de suivi. Enfin, l’accompagnement du Secrétariat Executif de la Conférence Internationale de la Région de Grands Lacs (CIRGL) se place comme garant.

La lecture faite dans cet article est que dans l’ensemble, les principaux points en rapport aux causes des conflits et guerres dépendront en grande partie de la volonté du gouvernement. Donc, le gouvernement n’est plus considéré comme l’un des signataires de la déclaration-accord. Au-delà de l’accompagnement souscrit par le CIRGL, le retour des refugies et des déplacés internes dépendront de la volonté du gouvernement et des accords tripartites. L’inclusion des membres du M23 dans la structure nationale chargée des refugies pourra peut-être contribuer à faire avancer le processus. Toutefois, leur apport sera basé sur l’engagement du gouvernement, qui semble-t-il, a fourni d’efforts controversées pour gérer la question. En plus, il me semble important que le retour des refugies est fonction directe de la sécurité, mais à fortiori du processus de réconciliation nationale. Le retour dépendra en grande partie de la réconciliation de groupes communautaires de l’Est ainsi que de la reforme de services de sécurité.

L’épineuse question se pose au niveau de la vérité et justice. Tous les présumés auteurs des crimes seront traduits en justice selon les conventions des parties signataires. L’expérience a alors monté que l’échec de la commission vérité & réconciliation de Mr Kuye a été en grande partie dû à la politisation de la commission. Il est largement admis que lors de la mise en place de cette commission en 2003, les membres de cette commission représentés majoritairement les parties signataires de l’Accord de Sun City. Dès lors, certaines mains invisibles craignant une possible culpabilité, avaient une influence sur celle-ci, l’intégrité de ses membres a toujours été discutable. Et c’est depuis les années 2007 que la commission vérité et réconciliation a ralenti ses missions, pour ne pas dire qu’elle a arrêté. La question qui revient est de savoir si ces failles ont été dépassées ce dernier temps et plus particulièrement lors de pourparlers de Kampala.

La gouvernance et la reforme socio-économique qui sont des aspects critiques dans la résolution des crises à l’Est du pays, semblent ne pas trouver son origine dans les négociations de Kampala. La déclaration-accord semble n’avoir rien apporté sauf l’engagement réitéré de la part du gouvernement à respecter l’accord-cadre d’Addis-Ababa. Pratiquement, les parties signataires ne sont plus engagées à partir de cette déclaration mais, à partir d’un cadre régional. L’existence de cet article dans cette déclaration est presque superficielle. Enfin, le suivi et l’évaluation se feront aussi à travers un mécanisme existant, mais qui ne l’est pas au travers cette déclaration.

Le souci reste de savoir l’apport nouveau de cette déclaration dans la résolution des causes profondes et lointaines de la crise qui secoue l’est de la RDC. S’agit-il des postes promis aux membres du M23 dans les structures existantes ou l’accompagnement par le secrétariat exécutif du CIRGL ? En gros, la volonté du gouvernement semblera jouer un rôle important, comme il l’a toujours été. Par conséquent, il serait nécessiteux de comprendre pourquoi pendant longtemps ces problèmes n’ont pas trouvé des solutions durables et peut-être revoir les perspectives d’avenir pour asseoir une paix durable à l’Est du Congo. Si non, la déclaration-accord ne ferait que compenser la défaite militaire qui aurait été négociée en coulisse par intervention et abstention.

Votre point de vue peut me convaincre autrement

 

NTANYOMA R. Delphin

Email: rkmbz1973@gmail.com

Twitter Account @delphino12

Blog: http://www.edrcrdf.wordpress.com

Nelson Mandela : Au-delà des drapeaux en Berne et de la Bonne Mémoire de ses Valeurs


Image

Il y a deux jours que le monde ait été informé de la mort de l’icône et symbole de la paix, liberté, justice, réconciliation…, Nelson Mandela. Mandela est l’être spécifique, extraordinaire, indescriptible par mes petits mots. Même les forts de cette planète ont du mal à trouver des mots qui peuvent vraiment exprimer sa supériorité et sa grandeur d’esprit. Et à mon entendement, tous les mots qui peuvent exprimer les valeurs humaines nobles ont été utilisés afin d’exprimer la perte inévitable de cette grande personnalité. Je me sens d’ailleurs fortifié quand ma bouche essaie de réciter Madiba, le père de l’une des nations africaines fortes qui trouve sa fierté dans les valeurs de Nelson Mandela.

La République Démocratique du Congo (RDC) a décrété trois jours de deuil national sur instruction du chef de l’Etat qui participait en ce moment au sommet à Paris sur la paix et la sécurité en Afrique. Pendant ces trois jours de deuil national les drapeaux seront mis en berne. En plus de cela, les medias publics ont été priés de s’adapter à la circonstance. Il y a eu aussi plusieurs déclarations de la classe politique congolaise en la mémoire de Madiba. Ces déclarations rappellent facilement que ces politiciens reconnaissent bien les valeurs de grandeur et de supériorité de  Nelson Mandela

La RDC est un pays caractérisé économiquement, en plus de son capital humain inexploité, par d’immenses potentialités agricoles, minières, des forêts naturelles, sources d’énergie. Ses potentialités placent ce pays  en premières positions au niveau mondial (dans les premières dizaines). Et d’ailleurs, la puissance sud-africaine qui tire son standing dans les valeurs de Nelson Mandela se voit obliger de recourir à l’énergie congolaise pour faire fonctionner son industrie en expansion. Malheureusement la population congolaise vive comme si ces potentialités appartiennent à des personnes ultra-terrestres depuis des années. La simple faiblesse est qu’on n’ose pas exiger à nos dirigeants politiques d’être redevables à leur peuple. Cette attitude d’irresponsabilité de la part du peuple causera des préjudices aussi longtemps qu’on n’a pas encore trouvé des leaders charismatiques dotés des grandes valeurs.

Quels que soient certains indices de croissance économique de deux dernières années, la RDC se situe parmi les pays pauvres dans le monde. Pour rappel sur le plan social, la RDC se place au niveau mondial en presque dernières positions. La population en dessous du seuil de pauvreté est plus de 87%. Une indication qui démontre que plus de 65 millions de congolais vivent moins de 1.25$. L’espérance de vie en RDC est de 48 ans, alors que le taux de mortalité pour les moins de 5 ans est de 170/1000. Ces décès de nos enfants ont pour causes en majorité que le pays peut éviter si les leaders auraient eu la volonté de partager équitablement la richesse nationale. Le revenu par habitat est de 319$/an ; et le pays occupe la dernière place en mortalité maternelle car ce pays a moins d’hôpitaux et des centres de santé. En bref, la RDC occupe presque les positions honteuses de discuter, alors que sa richesse continue d’être exploitée.

A ces indicateurs socio-économiques en rouge, le pays connait la corruption, injustice, inégalité entre homme/femme, les viols aux femmes et enfants qui sont restées impunies ainsi toutes les conséquences liées aux guerres récurrentes. Bien qu’il soit facile, dans le milieu politique,  de trouver de bouc émissaire, il faudra que nos dirigeants aient le courage d’être redevables et responsables vis-à-vis de la misère que connait notre population. Il s’agit simplement d’apprendre à redistribuer la richesse nationale quelle que soit les exigences de leur fonctions. Nos dirigeants ont encore besoin de se comporter comme des personnes au service d’un peuple et pas seulement n’importe quel peuple : un peuple courageux, persévérant, audacieux, qui a pu survivre pendant un demi-siècle là où l’Etat semble être absent.

 La RDC a besoin des dirigeants qui considèrent ces orphelins, veuves, démunis et autres groupes vulnérables comme les leurs. Des dirigeants qui comprennent que l’accès aux soins de santé, à l’habitat convenable, à la scolarité, à l’internet, à l’électricité… sont des droits réservés à tous les congolais et non à ceux-là qui ont eu la chance de se positionnent politiquement. Voilà la manière dont la classe politique congolaise devrait honorer les valeurs qui ont caractérisées Nelson Mandela. C’est en imitant ses actions et en traduisant ses valeurs en pratique, au-delà des drapeaux mis en berne et des déclarations publiques.

 

NTANYOMA R. Delphin

Suivre sur Twitter @delphino12

Email: rkmbz1973@gmail.com

Blog: http://www.edrcrdf.wordpress.com

Périple Présidentiel à l’Est de la RDC au Message du Prélat


Un périple à la une du président congolais à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) que j’ai suivi à distance, indépendamment de ma volonté. Un président si courageux et fort de parcourir à peu près 2000 Kms au volant de sa voiture sur une route congolaise. L’aperçu de cette route montre au contraire qu’elle est en état de démarcation te on penserait qu’il s’agit d’une route où les tracteurs ont passé pour enfin suivre la construction. Malheureusement, c’est une route qui a été tracée pendant la colonisation, si ma mémoire n’est pas abusée.

L’objectif principal du périple aurait été de compatir aux cotés de la population meurtrie de l’Est du Congo ; rendre hommage aux femmes et hommes (FARDC-MONUSCO-FBI) qui ont perdu leurs vies lors de combat contre le M23 ; faire appel aux groupes armés opérationnels de déposer les armes et être réintégrés dans la vie civile ou réintégrer l’armée nationale. Mais l’accent principal aurait dû être celui d’annoncer les mesures concrètes de l’après-guerre. A mon point de vue, l’après-guerre porterait sur la manière de résoudre les principaux griefs et causes profondes qui ramènent les guerres à répétition. Enfin, son message clé devrait se pencher sur le développement socio-économique de la population de l’Est et surtout du Nord-Kivu où la guerre a été « gagnée ».

Mon analyse souffre de quelques limites car personnellement je n’ai pas été sur terrain. La brève interprétation se base sur le rapportage en ligne des journaux radiookapi.net et jeuneafrique.com[1] et quelques messages tirés sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Youtube). Tout de même, certaines de ces sources citées sont professionnelles et crédibles de bien saisir le message clés en suivant une visite présidentielle dans un contexte pareil.

J’ai personnellement apprécié que le président de la République ait fait un déplacement qui souffre d’improvisions. Il était grand moment qu’il soit à côté de son peuple qui traverse des moments de désolation. Lors de son périple, il a insisté sur le démantèlement des groupes armés et la restauration de l’autorité de l’Etat par la force. Alors qu’à mon humble connaissance, la restauration de l’autorité de l’Etat implique aussi la légitimité, justice, confiance, moral et équité. Il a bien fait d’entreprendre un long périple pour s’enquérir de la situation sur terrain et l’état des infrastructures. Un voyage que certaines sources non vérifiées confondent au « Rally Paris-Dakar » car c’est la 4-6 fois qu’il entreprend cette itinéraire. C’est un bon signe quand même car la route en question se dégrade du jour au jour. Il a aussi annoncé des promesses de reconstruire certains tronçons abandonnés. Des promesses annoncées aussi autour de la réallocation du budget jadis alloué à la guerre qui « pourrait » être réaffecté dans le domaine du développement de la région. En plus, il a rencontré la population civile, un pas important pour l’écoute et l’humilité devant son peuple, quelles que soient certaines déceptions à Beni-Butembo. Précisément à Rutshuru, il a pu faire un discours d’une dizaine des minutes en swahili dans un environnement envahi par le lingala pour des raisons à comprendre dans l’avenir.

Pour le cas précis de Rutshuru qui est l’ancien bastion du M23, une population attristée et meurtrière par d’incessants cycles de guerre, la compassion du chef de l’Etat semble s’être dissimulé dans le souhait de la paix durable. Son message est presque proche à celui annoncé par le prélat souvent dans une messe catholique, « nawatakiya amani ….. ». Quels que soient la nécessité et le souhait d’une paix durable, elle s’annonce par des fortes initiatives qui peuvent se démontrer par des mesures concrètes pour accompagner ce souhait.  Jusqu’au niveau de Rutshuru, le président n’a pas encore évoqué les stratégies appropriées pour résoudre les causes profondes de crises, à moins que cela se décide à Kampala entre le gouvernement et le M23. Une appréciation qui souffrirait d’insuffisance fondamentale, le fait de considérer le M23 comme l’interlocuteur de la population de l’Est et de ses multiples doléances.

Le chef de l’Etat a d’ailleurs fait abstraction au message de Jean-Claude Bambanze, représentant de la société civile du Nord-Kivu qui évoquait l’après-guerre. Aucune action concrète à entreprendre n’a été spécifiquement annoncé par le président par rapport aux doléances présentées par la société civile ; sa réponse sera attendue à Goma peut-être. Il me semble aussi moins convainquant que le souhait de la paix peut représenter une attitude de compassion. A mon entendement, il ne s’agit pas non plus d’évoquer que le sang qui a coulé pendant 20 ans et que la population doit ouvrir les yeux. Compatir avec la population de zones sinistrées aurait dû être introduit par la reconnaissance de la misère qu’a connue la population dans cette zone et les pertes en vies humaines de civils innocents. Par conséquent, la réhabilitation et les mesures adoptées pour relancer la vie socio-économique de la population aurait été une bonne manière de compatir, avant d’appeler cette dernière de retourner au travail afin de payer le minerval de leurs enfants.

Comme il s’agit d’une brève interprétation basée sur des reportages des journaux et réseaux sociaux, l’affirmation des faits amènerait à penser au périple fatiguant et improvisé dans le sens de la prospection. Les mesures seront bientôt annoncées du retour à Kinshasa.

NTANYOMA R. Delphin

Suivre sur Twitter @delphino12

Emaill: rkmbz1973@gmail.com

Blog: http://www.edrcrdf.wordpress.com

Quand l’Actualité des Crimes ferait Oublier la Criminalité, Responsabilité et Complicité en RDC


La République Démocratique du Congo (RDC) est connue si pas confondue à la criminalité inimaginable et organisée qui a amené ce pays à perdre autour de 6 millions de ses filles et fils les deux dernières décennies.  Alors qu’il est un pays potentiellement riche, ses seuls indicateurs médiatisés sont liés à la criminalité, aux guerres, violences, viols et arbitraire, pour ne citer que ceux-là. On en dénombre depuis son indépendance des milliers des crimes, assassinats, massacres et meurtres collectifs. Les deux dernières décennies en ont battu le record à cause des guerres récurrentes liées aux manipulations politiques, alliances, contre-alliances ainsi que des conflits intercommunautaires à caractère identitaire.

Lanotte, dans « Chronologie de la République Démocratique du Congo/Zaïre (1960-1997)[1] », en dénombre à titre indicatif plus de 102 cas des crimes à grande échelle commis dans ce pays pour la période ci-haut citée. Ces cas répertoriés semblent n’avoir pas inclus d’une manière exhaustive l’ensemble des crimes commis dans ce pays pendant cette période. En plus, la recrudescence des crimes des années après 1997 ne sont pas aussi récapitulés dans cet ouvrage alors qu’ayant été plus meurtriers. Donc, la RDC est un territoire qui a instauré la criminalité comme mode de vie et surtout, je me permettrais d’affirmer que l’ensemble de ces crimes sont restés impunis. Par conséquent, cette impunité engendre une injustice qui enfin se transforme en criminalité dans un cercle vicieux.

De 1996-2013, l’Est de la RDC vit au quotidien ces crimes à cause de sa spécificité socio-culturelle qui, en aucun cas, ne se justifierait pas si le pays avait établi le principe de justice impartiale comme base. En plus, le recours à la violence est restée un raccourci et seul moyen pour accéder au pouvoir, richesse, influence et autres avantages dans un pays rongé par la corruption sans précédent. C’est dans cette optique que l’impunité, injustice sociale, manipulation et influence des mains extérieures invisibles ainsi que le manque des politiques adaptées en matière de gestion de groupes armés replongent encore une fois l’Est dans la guerre en Mai 2012. Une désolation et surprise alors que le monde espérait une stabilité de la région après les efforts de la conférence de Goma et « l’accord » de 2009.

La défaite du M23 est récemment considérée comme une ouverture notoire vers la stabilisation de la partie Est qui a encore plus de 40 groupes armés existants et opérationnels. A mon entendement, tous les crimes commis depuis l’indépendance à nos jours constitue un paquet que j’appelle « criminalité ». Bien qu’étant pas juriste, il me parait significatif que la criminalité dans l’ensemble doit être punie et la justice rendue à tous quelle que soit la vieillesse du crime. En plus, tous ces crimes ont été commis à différent niveaux de responsabilité et complicité ; alors les responsables et complices doivent répondre d’une manière ou d’une autre à leurs actes. Dans le cadre d’asseoir une paix durable à l’Est du Congo, rendre justice peut passer par la réconciliation et la vérité des faits pour poser la fondation au développement et en tirer des leçons pour l’établissement des politiques adaptées. Toutefois, les crimes de guerre et ceux contre l’humanité doivent être sévèrement punis afin de servir de modèle aux générations futures. La spécificité et la complexité socio-culturelles de l’Est du pays restent l’élément central pour définir les mécanismes de stabiliser la RDC d’une manière durable.

 

NTANYOMA R. Delphin

Twitter compte: @delphino12

E-mail: rkmbz1973@gmail.com

Blog: http://www.edrcrdf.wordpress.com


[1] Lanotte, Olivier « Chronologie de la République Démocratique du Congo/Zaïre (1960-1997) »,  Février 2010, Online Encyclopedia of Mass Violence. Retrouvable sur le lien: http://www.massviolence.org/Article?id_article=486