Augustin Matata Ponyo Mapon: Les limites d’un Technocrate & l’Appel d’un “Politocrate”


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Le domaine politique peut vous avoir surpris tout comme moi dans la mesure où toutes les décisions sont motivées par le positionnement et le reste vient après. Le plus souvent, ce que les ‘politiciens’ vous relatent relève du niveau secondaire, alors que le leitmotiv ne vous sera communiqué tardivement ou à vous de le deviner/ repérer. Telles sont les explications qui entourent le mystère du gouvernement de cohésion nationale en République Démocratique du Congo (RDC).

Pour un simple rappel, ce gouvernement a été annoncé par le chef de l’Etat Joseph Kabila le 05/10/2013, il y a déjà 5 mois. C’est lors de la cérémonie de clôture des assises dénommées « Concertations Nationales » que ce message nous a été courageusement informé. Le lecteur se rappelle aussi que la cérémonie de clôture a été rehaussée par la présence de Nkosazana Dlamini Zuma, la présidente de la Commission de l’Union Africaine ainsi que le président Congolais Denis Sassou Nguesso qui a joué le rôle de facilitation de desdites concertations. Dans un discours explicitement marquant, personne ne pouvait s’imaginer que la nomination d’un premier ministre et de ce gouvernement prendrait plus de 150 jours. Et d’ailleurs, certains commentateurs avaient pensé que ce discours de son excellence Joseph Kabila constituait un « take off » pour l’avenir de la RDC.

Dans un domaine où les candidats ne manquent pas, la mise en place de ce gouvernement semble être mystérieuse comme tout autre mystère. Parmi les obstacles auxquels se heurte ce processus, il est possible de penser à la satisfaction de multiples demandes vis-à-vis des postes ministériels. La loi de l’offre et de la demande se crée un déséquilibre dans une « confédération » régionale et communautaire. De deux, les enjeux politiques du moment portent à croire que le président en exercice penserait à un premier mandat. Ce premier mandat expliquerait la révision de la constitution qui donnerait une chance comme s’il ne s’agissait pas d’un troisième mandat. Alors, ces enjeux de premier rang et leur lien avec la nomination de ce gouvernement ne vous serons jamais dévoilés mais ils déterminent plus spécifiquement la nomination d’un premier ministre.

L’actuel premier ministre est largement reconnu comme une personnalité qui aspire au changement dans un embouteillage sourd d’oreilles. Il est parmi le premier ministre congolais à qui sont reconnues des avancées significatives dans le domaine macroéconomique. Il a pu juguler l’inflation et le taux de change est resté stable pour une période de deux ans. C’est durant son action que la croissance économique est devenue remarquable compte tenu du contexte socio-politique du pays. Durant son action comme chef du gouvernement, la croissance économique culmine en 2012 à 8.2% après des décennies de croissance négative; alors que l’économie mondiale était presque en récession. Il a instauré le paiement bancaire appelé la bancarisation de presque l’ensemble des agents et officiels publics dans un pays où le système bancaire est presque inexistant.

Ses réalisations, moins controversées, sont du moins palpables comparativement à ces prédécesseurs. Elles se situent sur le plan macroéconomique et pourront peut-être dans le temps avoir d’effets sur le domaine social. Pour simplement dire que le domaine social en RDC évolue difficilement si pas qu’il se dégrade même pendant la période de croissance économique. Il peut s’agir d’un long débat pour saisir la manière dont la croissance économique peut exister pendant une longue période sans effet direct sur la réduction de la pauvreté et de l’inégalité.

Les réalisations de Matata amèneraient à croire qu’il sera reconduit comme premier ministre de ce gouvernement tant attendu. Toutefois, il est fort possible que ses barrières se situent au niveau technique qui est moins couplé avec les manœuvres politiciennes. Dans cette optique, il importe de considérer qu’un premier ministre sera nommé tout en considérant le contexte politique actuel qui focalise sur les élections à venir ; et à fortiori celles présidentielles. Il semblerait fort probable qu’un consensus est requis dans le cadre de préparer ces élections de 2015-16. D’où un Premier Ministre qui fera l’objet de ce compromis dans le cadre du gagnant-gagnant sera nommé, mais pas nécessairement sur base de ses potentialités à faire avancer les conditions socio-économiques du peuple congolais.

Au cas où l’actuel premier ministre n’aura encore pas cette qualité politicienne de ‘politocrate’, semble-t-il qu’il aura moins de chance de continuer l’action gouvernementale future. Malgré tout, l’influence tout azimut et forcement des partenaires internationaux peuvent plaider pour la continuité de Matata indépendamment de calculs politiciens en jeu. Cette réalité finira tout de même par éclater, quelle que soit la longueur de notre attente.

De la manière dont ce gouvernement est resté mystérieux et entrave l’avenir de tout un peuple pour des causes liées aux manigances politiciennes, mes sentiments de réconfort s’adressent à tous ces mondes qui ont été victimes des événements mystérieux actuels et qui en ont perdu les leurs. Notre mystère autour du gouvernement de cohésion nationale n’étant pas de grande ampleur comme celui que vous avez suivi aujourd’hui, il nous laisse quand même dans l’embarras pour des raisons non encore élucidées. Soutiendrez-vous que Matata continue son action gouvernementale prochaine ? A mon avis je ne serai pas tout à fait d’accord. Voudriez-vous en savoir les raisons, consultez ces récents tweets.

Ntanyoma R. Delphin

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