Dialogue Politique National Inclusif : Solution à CT, Echappatoire ou Bombe à Retardement?


Le Président Joseph Kabila a annoncé le weekend passé la tenue imminente du dialogue tant attendu par la classe politique Rd Congolaise. L’opinion politique est partagée car certains veulent y participer alors que les autres considèrent ces assises comme une manœuvre dilatoire pour maintenir au pouvoir les dirigeants actuels. Apparemment, même les partenaires qui avaient déjà avancé en termes de pré-accord résistent encore ou ils montent les enchères afin de masquer l’opinion publique. Ceux-là qui soutiennent ces assises pensent que la situation politique actuelle est particulièrement celle liée aux élections est volatile au point qu’elle pourrait conduire aux violences. Il part de l’expérience du passé qui nous éclaire là-dessus. Toutefois, ce dialogue dénommé « Dialogue Politique National & Inclusif » peut encore prendre du temps même si la présence à Kinshasa de l’Envoyé Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies dans le grand lacs indique que les préparations sont en avance.

Ce dialogue se tiendra quelques moins après la tenue des concertations nationales qui semblaient répondre, en aval, à la crise qui a suivi les élections de 2011. Les recommandations des concertations nationales comme celles de tant d’autres assises ayant eu lieu dans le temps, dont même n’étaient pas moins riches pour répondre à la crise probable des élections 2016, sont en cours d’exécution, pour ne pas dire qu’elles tardent à se faire implémenter. Dans son discours, le président Joseph Kabila a retracé les contours de ces assises qui pourront se tenir soit à Moanda (Kongo Central) ou à Kinshasa selon certaines sources. Elles focaliseront sur la sécurisation et financement du processus électoral, mise à jour du fichier électoral (enrôlement de nouveaux majeurs ainsi que congolais de l’étranger), mais aussi l’élaboration du calendrier consensuel des élections. Des questions presque techniques dont leur origine serait soit la volonté politique ou défis structurels dans le fonctionnement d’Etat.

Beni-Butembo
Route Beni-Butembo

Il est impérieux de reconnaitre que le processus démocratique n’est toujours pas un jeu simple. Il nécessite de sacrifices, engagement ainsi que responsabilité de tous les acteurs politiques à bord. Mais aussi, le processus démocratique peut prendre du temps pour se faire murir. C’est dans cette optique que l’expérience du passé ainsi que les contestations qui s’en sont suivies auraient été d’éléments de référence pour mieux asseoir des mesures préventives dans l’avenir. C’est dans ce sens que cet article semble croire que les défis majeurs, qui ont fait que la situation actuelle prédisant la plausibilité lors des scrutins à venir, ne résident pas inévitablement dans le fichier électoral ou même dans l’élaboration du calendrier consensuel. Ces défis se situeraient plutôt à un autre niveau qui aurait comme base la concentration du pouvoir dans les mains de Kinshasa (la République dite de la Gombe) ainsi que les confrontations tout autour de celle-ci. La suite est que les politiciens se bousculent/s’entredéchirent pour mieux se positionner car ce pouvoir reste une source d’honneur et des richesses au détriment du citoyen ordinaire.

Les raisons qui peuvent justifier l’hypothèse ci-haut citée sont d’une part que, la RDC a déjà organisé les élections en 2006 & 2011. Durant toutes ces deux législatures, la RDC s’était d’autre part dotée d’une institution en charge d’organiser les élections, la Commission Electorale Nationale Indépendante. Cette dernière est une institution, en dépit des challenges, qui de par sa supposée nature d’impartialité peut à elle seule mettre en place des mécanismes pouvant prévenir de potentielles crises. En plus de cela, sauf les concertations nationales, les élections de 2006, 2011 n’ont nulle part pas nécessité un forum de dialogue pour en prévenir quelques formes des violences possibles.

Du côté du financement des élections, la question peut se situer au niveau des capacités et possibilités gouvernementales de mobiliser les fonds internes et externes. A moins que le dialogue soit un forum de fundraising. Si non, les participants au dialogue consommeront un fonds pas moins important qui pourrait servir au financement des élections. Encore une fois, il apparait que le dialogue se focalisera sur un dossier qui est une conséquence et non la cause primaire. Pour dire que le dialogue aurait plutôt à se pencher sur le renforcement des compétences d’Etat pour que dans l’avenir, ce dernier soit à mesure de mobiliser à temps des fonds nécessaires.

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La question principale par rapport au dialogue est que celui-ci pourrait s’atteler à des questions qui ne constituent nullement pas la préoccupation principale du citoyen ordinaire. Le bloggeur a toujours cru que le peuple a besoin de voir son changement (son vécu quotidien) arriver indépendamment de celui qui l’amène, élancé, moins élancé, noir, brun, appartenance régionale…. Le peuple veut vivre dans des conditions qui garantissent l’accès à l’électricité, eau potable, éducation, soins de santé, aux routes, à la sécurité… Malheureusement, à défaut de répondre aux préoccupations primaires du citoyen ordinaire qui ne vit que par la grâce de Dieu, certains de nos politiciens prennent du temps pour brandir en coulisse les différences régionales et ethno-communautaires. Ils sautent souvent sur les sensibilités qui appellent la sympathie du peuple car ce dernier étant fatigué. Ils (elles) oublient même le temps passé au pouvoir sans qu’ils aient répondu à ces préoccupations majeures. La suite est qu’ils peuvent devenir simplement d’opportunistes qui jouent aux moments qui attirent l’attention comme le peuple croit que le salut viendra dans l’alternance. Un jeu du hasard !

Une fois encore, il est important de se demander si le dialogue tel que conçu par les dirigeants au pouvoir sera à mesure de répondre aux attentes de la population ; ou si celui-ci ne constituera pas une échappatoire ou une manière de retarder une explosion dans les années à venir. Un observateur bien avisé ne contredirait pas qu’aussi longtemps que le souci du peuple ordinaire ne fera pas l’objet d’assises franches pour y trouver des solutions, ce grand continent restera exposer à des situations plausibles. Et ces potentielles violences peuvent accompagner les élections tout comme elles pourront trouver d’autres voies pour se faire exploser. Pour ce faire, il serait conseillé aux dirigeants, à la classe politique et tout celui qui a du souci pour l’avenir de ce pays de penser à répondre aux problèmes quotidiens auxquels font face le citoyen ordinaire. Plutôt qu’aller à Moanda ou Kinshasa afin de se partager les postes ministériels, à mon avis, le dialogue peut retarder n’importe quoi si une garantie est offerte dans le sens de résoudre ces défis qui nous tourmentent quotidiennement. Et cela dans une logique qui garantirait sa durabilité avec moins du népotisme et clientélisme. Pensez-vous autrement ?

 

Ntanyoma R. Delphin

Secrétaire Exécutif & Coordonnateur

Appui au Développement Intégré &

à la Gouvernance

Compte Twitter @delphino12

Blog: www.edrcrdf.wordpress.com

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